Extraits du bulletin APVV N° 12 de décembre 2012....

Le village de Rigny-le-Ferron

                                                                                                        par Jeanne MARTEL



Le nom de Rigny mentionné la première fois en 1026 dériverait du nom du gentilice romain Riennus, venant lui-même du nom gaulois Renos. Le qualificatif Ferron ajouté au patronyme premier, indique que dans cette localité on a de tout temps exploité du minerai de fer ce qui est d'ailleurs confirmé par la grande quantité de scories ferrugineuses trouvées dans les bois de la commune.


Vue générale


A 145m d'altitude, en limite des départements de l'Aube et de l'Yonne, à 40km à l'ouest de Troyes et à 10km d'Aix-en-Othe, ce bourg qui compte aujourd'hui 374 habitants s'est développé en un lieu où convergent les vallons de Bérulle et de Cérilly.

Il est traversé du Nord au Sud à peu près en son cen­tre par le CD 54 reliant Nogent-sur-Seine à Saint-Florentin (Yonne). Il est arrosé par deux rus : «le ru de Tiremont » appelé aussi Grand Fossé qui draine les eaux venant de Bérulle et le « Ruisseau de Cérilly».

Le village était autrefois enclos de murailles puis de fossés sur le trajet desquels on a plus tard planté les promenades. A l'intérieur de ce système défensif, les habitations se groupent d'abord autour de l'église.

Les années passant, Rigny se transforme et devient au milieu du XIXe siècle, un gros bourg rural de 1 244 habitants.

Il compte alors de nombreuses fermes qui alignent le long des rues leurs façades urbaines percées de grandes portes charretières donnant accès à une cour intérieure autour de laquelle s'organisent les bâtiments d'exploitation. Ces portails dont les cintres en briques portent tous à leur sommet une marque distinctive, le plus souvent un petit cœur en fer forgé, don­nent au bourg une belle unité architecturale. Cette particularité est remarquée et en 1976 Rigny est retenu dans le cadre de l'opération «cent villages» avec pour objectifs principaux: l'amélioration du confort de l'habitat rural et une meilleure protection des sites et des paysages. (Signalons qu'un deuxième bourg du Pays d'Othe a lui aussi bénéficié des avantages de l'opération« 100 villages»: il s'agit de Bérulle.)




L'EGLISE

Dédiée à saint Martin, évêque de Tours au IVe siècle, elle est de forme quasi-rectangulaire et se com­ pose d'une nef à bas-côtés, longue de trois travées, précédée d'un clocher-porche, suivie d'un transept non saillant et d'une abside à cinq pans, faisant saillie à l'Est.

Le clocher-porche qui s'élève sur la façade principale appartient à la même époque que la nef(2e moi­tié du XVIe siècle). Il forme une haute tour flanquée sur sa face occidentale de quatre hauts et massifs contreforts qui montent jusqu'à la base du beffroi. Sa toiture en contre-courbe et la flèche qui la sur­ monte, ont été reconstruits après l'éboulement du couronnement en 1725. Des travaux de restaura­tion concernant la même partie de la tour-clocher durent être à nouveau entrepris en 1913.

 Dans la nef, les lourds piliers rectangulaires font penser à une date de construction ancienne pouvant se situer au XIIe siècle, mais une étude plus approfondie menée par Monsieur François Salet, lors du congrès archéologique de Troyes en 1955, a amené celui-ci à penser que la nef avait été reconstruite au XVIe siècle après l'édification entre 1510 et 1520, du transept et du chœur. Il est probable que cette nef a repris les dispositions romanes d'un vaisseau plus ancien, probablement charpenté. Couronnée par une voûte de bois qui date de 1840, elle s'éclaire par de petites fenêtres en ogive ménagées dans la voussure. Cette voûte a été restaurée en 1934.

Les bas-côtés plafonnés sont de la même époque que la nef. Ils ont été remaniés à plusieurs reprises, surtout les fenêtres (trois pour chaque collatéral) qui à la fin du XIXe siècle ont été enrichies de meneaux et de vitraux. A l'intérieur, les deux travées de ces bas-côtés sont occupées par des chapelles fermées de clôtures de menuiserie, exécutées vers 155O. Elles sont composées d'élégants balustres reposant sur un soubassement à panneaux séparés par des pilastres moulurés. Ces balustres soutiennent une frise de médaillons décorés de figures de chevaliers, d'anges, de dragons ailés et de rinceaux.

Le transept. Terminé à ses extrémités par des pignons, il ouvre sur l'extérieur par deux portes. Celle du midi couronnée par un arc surbaissé est décorée de moulures prismatiques et de pampres. Celle du nord a des moulures simples. Au-dessus de chacune de ces portes s'ouvre une fenêtre à réseau flam­boyant garnie d'un vitrail du XIXe siècle. 

Le chœur à double travée est fermé par des grilles et son sol est carrelé de losanges à motifs de marbre noir.

Les bas-côtés du chœur forment des cha­pelles latérales. Celle située côté sud, dédiée au Sacré-Cœur, est l'ancienne chapelle seigneuriale fondée par la famille de Chaumont. Côté nord, la chapelle consacrée à la Vierge com­porte une verrière originale racontant la légende de Notre-Dame de Boulogne. Les voûtes sont à nervures dessinant un réseau qui se complique au niveau du sanctuaire. Elles sont ornées ainsi que les murs des bas­ côtés, de peintures exécutées en trompe-l'œil de 1851 à 1861 par le peintre Andréazzi, originaire du Tessin.

Dans les voûtes ce sont des rosaces à quatre feuilles et des médail­lons portant les attributs du culte. Sur les murs des bas-côtés, ce sont des personnages en pied logés dans des niches. L'abside à cinq pans est percée de hautes fenêtres flamboyantes Il fait ses études à Paris, une bagarre de tous les instants dont il sortira vainqueur.


Plan de l'église et situation des vitraux et statues



Vous trouverez la suite de cet article dans le N°12 de notre parution "Au Courant de la Vanne"