QUELLE A ETE L'INFLUENCE DES
MOINES CISTERCIENS
SUR LE VILLAGE DE COURGENAY (par Monique COUILLARD)
Au cours du XIe siècle les moines clunisiens s'écartent de plus en plus
de la Règle de St Benoît, un grand nombre de moines mécontents de cette
façon de vivre quittent leur monastère (Molesmes), avec, à leur tête,
l'abbé Robert pour se réfugier au cœur d'une forêt près de Nuits St
Georges et y fonder l'abbaye de Citeaux dans laquelle ils reprennent le
respect strict de la règle de St Benoît.
Nous sommes en 1098. L'ordre Citercien est né. Ils vont vivre
là dans une très grande pauvreté et c'est cette réputation qui va
attirer en 1112, un jeune homme de 22 ans appelé Bernard de Fontaynes.
Il est accompagné de trente compagnons qui veulent devenir moines.
Bernard de Fontaynes sera Saint Bernard.
Citeaux est trop petite pour garder tous ces moines, il y a
nécessité d'essaimer, c'est-à-dire de fonder d'autres abbayes. Ils vont
fonder La Ferté, Pontigny, Clairvaux, Morimond Ce sont les quatre
premières filles de Citeaux.. C'est d'une cinquième fille, Preuilly (en
Seine et Marne) qu'en 1127, sur les conseils de Bernard, treize moines
arrivent à Courgenay, dans une petite vallée traversée par l'Alain,
marécageuse et forestière, avec le désir d'y fonder une abbaye qu'ils
appelleront "Vauluisant" (la vallée brillante).
Leur premier travail, sera de construire une digue et des
canaux de drainage et d'irrigation, ce qui permet d'assécher ou arroser
les terres et les prés afin de les exploiter dans les meilleures
conditions.
Le roi Louis VI va aider les moines à édifier leur monastère
en leur accordant des libéralités. La construction est rapide puisqu'en
1144, l'abbatiale est consacrée par l'Archevêque de Sens.
Plan de Gallien 1780 Courgenay: Le chateau et Livannes (ADY)
Au cours des XIIe et XIIIe
siècles ils vont recevoir de nombreuses donations que ce soit en
terres, bois, forêts mais aussi en droits seigneuriaux. Leur domaine
atteint une superficie de 14 000 arpents (7.000 hectares environ).
On
pourra lire plus avant des exposés sur les granges par ]. Stenuit et L.
Huot.
La guerre de Cent ans commence
au début du XIVe siècle.
Pendant cette guerre les moines
fuiront l'abbaye durant quarante ans.
Lorsqu'ils reprennent
possession de leur abbaye, ils ne trouvent que des ruines mais dès 1450
ils s'attaquent à la remise en état (en particulier Antoine le
Pescheur). En 1502 le nouvel abbé de Vauluisant s'appelle Anthoine
Pierre (natif de Rigny le Ferron). Issu d'une famille très riche il est
aussi l'ami de celui qui deviendra le roi François 1er. C'est à lui que
revient le mérite d'avoir transformé l'abbaye médiévale en un vaste
ensemble Renaissance.
Il s'adresse à Jean Cousin
(peintre à Sens) et lui demande de faire le plan et le devis de la
reconstruction du village de Courgenay. Bientôt des murs s'élèvent, des
fossés profonds les environnent, toutes les rues s'alignent. Il achète
les terrains et toutes les maisons qui nUisaient à l'exécution de son
plan. L'exposé sur le château de COURGENAY par Mr Etienne Meunier nous
ouvrira des perspectives sur l'importance stratégique de Courgenqy par
rapport aux voies de communication de l'époque. Evincé par le premier
abbé commendataire Odet de Coligny, Anthoine Pierre mourut le 15
février 1549 au château de Courgenay.
L'abbé commendataire Camille Le
Tellier de Louvois qui avait travaillé à rendre l'abbaye florissante à
l'intérieur, veillait également à mettre bon ordre dans toute l'étendue
du baillage; c'est ainsi qu'en 1699 il décida que les cabarets de
Courgenay seraient fermés l'été à 9h et l'hiver à 7h du soir.
Monsieur Philippe Durand
rapporte dans son exposé sur "Les Dépenses de la mense conventuelle"
qu'en 1781 ce sont plusieurs milliers de livres de viande (bœuf, porc,
agneau, lard) qui sont achetées au boucher de Courgenay.
Tout respirait la prospérité et
la paix jusqu'en 1789.
Le 17 mai 1790, le Maire et les
officiers municipaux de Courgenay se présentent à l'abbaye et dressent
l'inventaire complet des possessions des moines, leurs biens devenant
Biens Nationaux. Les dix moines composant la communauté reçoivent
l'autorisation de continuer à vivre à l'abbaye, mais 18 mois plus tard,
l'Etat qui a besoin d'argent, leur demande de quitter les lieux,
puisque le domaine va être vendu aux enchères....
Monique Couillard
Vous trouverez la
suite de cet article dans le N°9 de notre parution "Au Courant de la
Vanne"