Extraits du bulletin APVV N° 9 de 2009....

QUELLE A ETE L'INFLUENCE DES MOINES CISTERCIENS
SUR LE VILLAGE DE COURGENAY   (par Monique COUILLARD)


Au cours du XIe siècle les moines clunisiens s'écartent de plus en plus de la Règle de St Benoît, un grand nombre de moines mécontents de cette façon de vivre quittent leur monastère (Molesmes), avec, à leur tête, l'abbé Robert pour se réfugier au cœur d'une forêt près de Nuits St Georges et y fonder l'abbaye de Citeaux dans laquelle ils reprennent le respect strict de la règle de St Benoît.

Nous sommes en 1098. L'ordre Citercien est né. Ils vont vivre là dans une très grande pauvreté et c'est cette réputation qui va attirer en 1112, un jeune homme de 22 ans appelé Bernard de Fontaynes. Il est accompagné de trente compagnons qui veulent devenir moines. Bernard de Fontaynes sera Saint Bernard.

Citeaux est trop petite pour garder tous ces moines, il y a nécessité d'essaimer, c'est-à-dire de fonder d'autres abbayes. Ils vont fonder La Ferté, Pontigny, Clairvaux, Morimond Ce sont les quatre premières filles de Citeaux.. C'est d'une cinquième fille, Preuilly (en Seine et Marne) qu'en 1127, sur les conseils de Bernard, treize moines arrivent à Courgenay, dans une petite vallée traversée par l'Alain, marécageuse et forestière, avec le désir d'y fonder une abbaye qu'ils appelleront "Vauluisant" (la vallée brillante).

Leur premier travail, sera de construire une digue et des canaux de drainage et d'irrigation, ce qui permet d'assécher ou arroser les terres et les prés afin de les exploiter dans les meilleures conditions.

Le roi Louis VI va aider les moines à édifier leur monastère en leur accordant des libéralités. La construction est rapide puisqu'en 1144, l'abbatiale est consacrée par l'Archevêque de Sens.



Plan de Gallien 1780 Courgenay: Le chateau et Livannes (ADY)



Au cours des XIIe et XIIIe siècles ils vont recevoir de nombreuses donations que ce soit en terres, bois, forêts mais aussi en droits seigneuriaux. Leur domaine atteint une superficie de 14 000 arpents (7.000 hectares environ).

On pourra lire plus avant des exposés sur les granges par ]. Stenuit et L. Huot.

La guerre de Cent ans commence au début du XIVe siècle.

Pendant cette guerre les moines fuiront l'abbaye durant quarante ans.

 Lorsqu'ils reprennent possession de leur abbaye, ils ne trouvent que des ruines mais dès 1450 ils s'attaquent à la remise en état (en particulier Antoine le Pescheur). En 1502 le nouvel abbé de Vauluisant s'appelle Anthoine Pierre (natif de Rigny le Ferron). Issu d'une famille très riche il est aussi l'ami de celui qui deviendra le roi François 1er. C'est à lui que revient le mérite d'avoir transformé l'abbaye médiévale en un vaste ensemble Renaissance.

Il s'adresse à Jean Cousin (peintre à Sens) et lui demande de faire le plan et le devis de la reconstruction du village de Courgenay. Bientôt des murs s'élèvent, des fossés profonds les environnent, toutes les rues s'alignent. Il achète les terrains et toutes les maisons qui nUisaient à l'exécution de son plan. L'exposé sur le château de COURGENAY par Mr Etienne Meunier nous ouvrira des perspectives sur l'importance stratégique de Courgenqy par rapport aux voies de communication de l'époque. Evincé par le premier abbé commendataire Odet de Coligny, Anthoine Pierre mourut le 15 février 1549 au château de Courgenay.






L'abbé commendataire Camille Le Tellier de Louvois qui avait travaillé à rendre l'abbaye florissante à l'intérieur, veillait également à mettre bon ordre dans toute l'étendue du baillage; c'est ainsi qu'en 1699 il décida que les cabarets de Courgenay seraient fermés l'été à 9h et l'hiver à 7h du soir.

Monsieur Philippe Durand rapporte dans son exposé sur "Les Dépenses de la mense conventuelle" qu'en 1781 ce sont plusieurs milliers de livres de viande (bœuf, porc, agneau, lard) qui sont achetées au boucher de Courgenay.

Tout respirait la prospérité et la paix jusqu'en 1789.

Le 17 mai 1790, le Maire et les officiers municipaux de Courgenay se présentent à l'abbaye et dressent l'inventaire complet des possessions des moines, leurs biens devenant Biens Nationaux. Les dix moines composant la communauté reçoivent l'autorisation de continuer à vivre à l'abbaye, mais 18 mois plus tard, l'Etat qui a besoin d'argent, leur demande de quitter les lieux, puisque le domaine va être vendu aux enchères....

Monique Couillard


Vous trouverez la suite de cet article dans le N°9 de notre parution "Au Courant de la Vanne"