SAINTE SYRE

sainte locale de l'Aube

texte et photos de Bernard Boizet




LE XVIème SIECLE : LA RENAISSANCE

«Grâce au coup de foudre des Français pour l'Italie, on redécouvre des formes d'art oubliées, mais aussi une soif d'apprendre, de connaÎtre, un véritable amour de la beauté».

REF: Alain DECAUX raconte l'histoire de la France aux enfants.

Sur le plan local, par exemple, l'illustre François GENTIL (1510-1558) peupla de ses ouvrages la plupart des églises de la région de Troyes.

Plus que tout autre temps, le XVIème siècle est une époque de sculpteurs et de peintres...

Tout artisan se sent un artiste, le moindre manœuvre est le maÎtre, non l'esclave de la matière et la domine par l'esprit et l'imagination. Ce siècle sera une véritable renaissance artistique.

Beau règne de l'art, hélas sitôt évanoui...
L'Europe ne vous reverra-t-il plus ?

REF: La sculpture troyenne- M.A. BABEAU- tome 64. 



Sainte Syre de Troyes et Sainte Syre de Meaux

On a honoré sous le nom de Sainte Syre,deux saintes gauloises aussi obscures et sans doute aussi légendaires l'une que l'autre. Il n'est d'ailleurs pas exclu qu'elles aient été confondues au cours de leur histoire....

-1- Sainte Syre de Troyes ou de Rilly dont il est question dans ce livre.

-2-Sainte Syre de Châlons ou de Meaux:

Elle aurait vécu au VIIème siècle et on la présente comme une fille spirituelle de Saint Fare. Elle serait devenue abbesse à Châlons au temps de l'évêque Ragnebaud.(596-625) A une date indéterminée, mais tardive,on en fit une sœur de Saint Fiacre,ce qui explique sa présence à Meaux. Sainte Syre était fêtée le 23 octobre.

REF.• Des mentions sur les deux saintes et leur culte sont réunies dans le petit dossier constitué par les Bollandistes dans le tome JO d'octobre des« ACTA SANCTORUM».

L'artiste,ou l'imagier désirant peindre ou sculpter une sainte ou un saint devait respecter ce que l'on appellerait de nos jours une sorte de « cahier de charges» faisant apparaître tous les détails permettant de l'identifier en fonction des évènements les plus marquants de sa vie,référés et codifiés par le clergé.

Il apparaît que les œuvres représentant Sainte Syre tiennent compte des deux saintes.

Le livre des Evangiles nous ramène à Rilly: lieu où la sainte recouvra la vue.

Le bâton de pèlerin, le bourdon, la panière seraient plutôt ïnspirés par Syre de Meaux.

Toutes les œuvres à l'effigie de Sainte Syre, dans les pages qui suivent concernent Syre de Rilly.

Ces représentations de la sainte ont été très probablement commanditées et motivées suite à l'énorme succès du pèlerinage de Rilly au XVIème siècle.


ATTRIBUTS CARACTERISANT SAINTE SYRE

1-LE LONG BATON DE PELERIN terminé à sa partie supérieure par un ornement en forme de gourde ou de pomme, appelé bourdon.

2-LA PANIERE suspendue à la ceinture.

3-LE CHAPEAU A LARGES BORDS.

4-LE «LIVRE », la Bible probablement dans la main droite ou gauche. Ce symbole est sans doute là pour montrer que la Sainte a recouvré la vue.

Quand on retrouve ces quatre « marqueurs », comme ci­-contre, on peut affirmer qu'il s'agit d'une représentation de Sainte Syre de l'Aube. Parfois, comme vous le constaterez plus loin, à propos d'autres statue de la sainte, on trouve trois, deux voire même aucun de ces attributs... L'imagier qui a sculpté ces œuvres ignorait peut-être tout ou partie de ces signes caractéristiques conventionnels? Malgré tout, ces statues portent le nom de Sainte Syre transmis au fil des siècles.

Encore beaucoup de mystères à élucider !

POURQUOI UNE PEINTURE MURALE A LA GLOIRE DE SAINTE SYRE DANS L'EGLISE SAINT-MAURICE DE VAREILLES ?

Dans la commune actuelle de Rilly-Sainte-Syre, dans l'Aube, au XVIème siècle, pèlerinages et oraisons en hommage aux vertus de la Sainte entraînaient soi-disant des guérisons miraculeuses de la gravelle (formation de calculs urinaires, biliaires ou salivaires). La gravelle est aussi appelée maladie de la pierre.

En 1604, on voyait encore dans la chapelle dédiée à Saint Syre, à Rilly une inscription latine qui constatait qu'en 1539, Gaspard de Coligny,parent de l'amiral du même nom avait été guéri miraculeusement de cette maladie de la pierre, par l'intercession de la Sainte.

Notons encore qu'à cette époque, le Prieur de l'abbaye de Vauluisant (à proximité de Vareilles) était Odet de Coligny, frère du miraculé.

Les moines bénédictins de l'abbaye Saint-Rémy de Vareilles, forcément au courant de ce miracle ont dû juger nécessaire de rendre hommage à Saint Syre à travers cette peinture murale.

D'ailleurs, la plupart des statues, peintures murales, tableaux, bâtons de confrérie à l'effigie de la sainte datent du XVIème siiècle et sont localisées en Bourgogne et en Champagne-Ardenne.


PEINTURES MURALES EGLISE SAINT-MAURICE DE VAREILLES




Découverte de la date de réalisation des peintures murales (Sainte Syre et Saint Edme) le 16 octobre 1993, lors de la réfection de l'enduit situé à la base de la façade Est de l'église.


La tête de Sainte Syre est entourée de trois surfaces arrondies:
-l'auréole,
-le chapeau,
-l'ensemble du livre des Evangiles (Dieu).
Le chapeau vient en symétrie de la bible. Ces trois surfaces encadrent le visage et le mettent en valeur.

Parmi toutes les images de la sainte représentées dans ce recueil, essentiellement des sculptures, cette peinture murale est la seule où l'artiste, par son talent, a su capter le moment précis où Syre recouvre la vue: une véritable photo instantanée!

On devine la première accommodation des yeux.

Le regard est encore hésitant, comme si ce contact avec le monde extérieur s'imposait un peu trop violemment.
Mais en même temps, il traduit une grande joie intérieure. Syre est émerveillée à la vue du livre du Saint Evangile. Sa première vision est celle de l'histoire de son Dieu, donc Dieu.
Cest comme une apparition surnaturelle. Elle ne pouvait pas espérer mieux!

L'observation de l'œuvre originale dans le chœur de l'église de Vareilles traduit bien mieux toutes ces sensations que la simple représentation ci-dessus.

UN VERITABLE CHEF-D'ŒUVRE QUE CETTE
PEINTURE MURALE!

Elle demanderait à être restaurée afin qu'elle retrouve tout son éclat


VAREILLES

Bourgogne-Yonne
Peinture murale : Sainte Syre et Saint Edme

Peinture murale: Eglise paroissiale Saint-Maurice
Support: calcaire
Peinture: à la chaux
Description: stratigraphie : pierre de taille, lait de chaux, couche de couleur ocre rouge, ocre jaune, blanc, noir, gris, bleu.
Dimension: h=144cm
Iconographie: Sainte Syre en pèlerin et Saint Edme, archevêque en pied.
Etat: mauvais état, repeint. Ecaillage de la peinture; l'enduit a été rayé lors du décapage du badigeon, trous, fissures, les deux saints semblent repris partiellement,notamment le visage de Saint Edme.
Inscription: inscription concernant l'iconographie (peinte,incomplète).
Précision inscription: de part et d'autre du visage de Saint Edme : S ED...
Auteur(s): auteur inconnu.
Siècle : XVIème siècle : 1577.

PETIT POEME EN HOMMAGE AUX VERTUS DE SAINTE SYRE

    Autour de Troys sont beaux faubourgs et riches,

    Forts et puissants et n'y sont les gens chiches.

    Plusieurs corps saincts là faisant miracles

    Des oraisons des malades et oracles.

    Et mêmement madame saincte Syre

    Est près de là, qui tant faict, par vrai dire,

    Signes patents qu'on voit, un chaque jour,

    Miracles faicts, dont ont en ce doulx séjour

    Gens graveleux, rompus et de la pierre,

    Qui de maints lieux y vont pour la requerre.

    Brief ung chacun y trouve allégement,

    Comme l'on voit : Qui le dit point ne ment.

RILLY-SAINTE-SYRE

Champagne-Ardenne-Aube

Tableau: Guérison de Sainte Syre

Lieu: Eglise paroissiale
Peinture
Toile (support) ; peinture à l'huile : guérison de la sainte.
Dimensions : h=205 ; la=123
Epoque: XIXème siècle
Propriété de la commune
Signature : Duchaulchoy; peintre



Notes: Toile déchirée. Cette oeuvre a été restaurée grossièrement en appliquant des petits morceaux de toile peints par-dessus. Ceux-ci se décollent.

Sur ce tableau, on retrouve effectivement le jeune enfant dont parle Morlot.: « Elle ne trouva qu'un jeune enfant de dix à douze ans qui se chargea de la conduire sur le lieu de martyre de Saint Savinien : Rilly»
REF : La vie des saints de l'Aube ; Morlot.
Posés sur le tombeau du premier plan, on devine les attributs de la sainte : livre,besace?...

LA VIE DES SAINTS ET DES SAINTES DE L'AUBE:  SAINTE SYRE

François Morlot ( Edition Fates)

Comme le culte de Sainte Savine, celui de Sainte Syre ( Syra ou Syria) est très lié à celui de Saint Savinien de Troyes.

 C'est en effet elle qui, selon la légende, découvrit le corps du saint martyr et remit en honneur son culte en lui construisant une chapelle.

La légende elle-même est pleine de contradictions est n'est pas crédible.

Toutefois, il reste qu'un culte local existait déjà au début du 14eme siècle, sans qu'on sache ni les origines ni les fondements.

En effet, un village au nord de Troyes s'appelle depuis longtemps Rilly-Sainte-Syre, après s'être appelé Rilly­ Saint-Savinien.

L'affaire est si obscure que, parfois certains hagiographes ont identifié notre sainte à la sœur homonyme de Saint Fiacre, célébrée dans le diocèse de Meaux et en ont fait une moniale bénédictine fondatrice d'un couvent près de Châlons.

 Il apparaît qu'il faut distinguer les deux traditions pour de multiples raisons.

La légende de Saint Savinien rapportée par Camuzat parle d'une femme ( quaedam mulier).

Plus tard, les autres écrivains hésiteront: était-ce une jeune fille ou une veuve ou une« matrone»?

Toutes les hypothèses sont avancées sans que rien ne puisse les départager. Et l'on a fait remarquer que le récit de «l'invention» ( le mot est utilisé dans son sens étymologique de découverte) du corps de Saint Savinien ressemblait fort à celui de Saint Quentin, mais peut-on parler de plagiat?

Ce n'est pas sûr!

Autre obscurité: la datation.

Combien de temps après le martyre de Saint Savinien ses restes furent-ils découverts?

Certains penchent pour une période courte et font mourir Syre en 298 (rappelons la date traditionnelle de la passion du saint: 275).

D'autres estiment qu'il a fallu du temps pour que le culte primitif s'éteigne et que Sainte Syre mourut au 4ème siècle, au 5ème, voire au 7ème siècle.

Question insoluble et somme toute fort oiseuse puisque l'existence même du personnage inspire beaucoup de doutes.

Le lieu où Saint Savinien est enterré, écrit De Guerrois, s'appelle Rilly, éloigné de la ville de Troyes de quatre lieues, sur les bords du fleuve de Seine.

A l'entrée duquel village est l'église de Sainte Syre, depuis laquelle en venant du côté de Troyes,ce village a été augmenté de beaucoup de bâtiments et fut autrefois appelé du nom de Saint Savinien ( auquel est l'église paroissiale qui porte le nom du même saint),mais maintenant le tout s'appelle communément Sainte Syre, du nom de notre sainte, tellement qu'en ce lieu, il y a deux églises:

L'une qui regarde vers le midi, à l'entrée du village quand on vient de Troyes et c'est la paroisse qui se nomme Saint Savinien.

L'autre, plus bas, en allant vers Méry, qui n'est pas si grosse que la précédente, à l'entrée de Rilly, et c'est l'église de Saint Syre, et en celle-ci, Saint Savinien est enterré. 


La légende de Sainte Syre

Empruntons à Courtalon la légende telle qu'on la racontait encore au 18ème siècle:

On ne sait pas le lieu ni le temps précis où Sainte Syre est née, mais on se perd en conjecture et ce sentiment est assez vraisemblable, qu'elle a pris naissance vers 230 dans la ville d'Arcis-sur-Aube, ou dans le voisinage.

Elle fut mariée à l'âge d'environ dix-huit ans, et peu de temps après son mariage, elle devint aveugle.

Vers le milieu du siècle, le christianisme fut annoncé dans Troyes et ses parents furent du nombre de ceux qui se soumirent à la foi de Jésus-Christ.

Elle-même y fut instruite et la lumière de l'Evangile la dédommagea de la perte de sa vue.

Saint Savinien avait souffert le martyre auprès de Rilly en 275. Syre en eut connaissance et elle apprit que plusieurs miracles s'étaient opérés par l' intercession de ce saint.

Le champ où il était inhumé était devenu fameux.

Syre, pleine de confiance aux mérites du glorieux martyr, se sentit embrasée de zèle et de désir de chercher ses ossements et de glorifier son saint corps.

Elle pria plusieurs jours sa famille de la mener à Rilly, mais inutilement, car personne ne voulut lui rendre ce service.

Il ne se trouva qu'un jeune enfant de dix à douze ans qui se chargea de la conduire.

La tradition du pays assure qu'elle passa par le village des Grandes-Chapelles qui est sur la route qu'elle devait tenir en venant d'Arcis ou de ses environs.

On dit qu'elle se reposa sur la hauteur d'où l'on descend à Rilly et, pour conserver la mémoire de cette station, on y planta une croix où tous les ans on porte la châsse de cette sainte en procession.

Elle pria avec beaucoup de ferveur le saint martyr de lui procurer l'usage de la vue.

Elle invoqua Jésus-Christ par de saints gémissements. Arrivée au champ où elle sait être le trésor précieux qu'elle cherche, sa prière est plus animée, ses vœux sonts plus ardents:

Elle est exaucée!

Les taies qui lui avaient dérobé la lumière se dissipent et elle recouvre parfaitement la vue.

Au bruit de ce miracle, on accourt à Rilly des villes, bourgs et villages voisins.

Tous admirent la puissance que Dieu communique à ses saints.

Tous félicitent cette veuve sur un événement aussi heureux.

Pénétrée de reconnaissance, elle fait découvrir le corps du saint.

Sur ses exhortations on construit une chapelle sur le lieu de sa sépulture et on lui érige un tombeau.

Syre se consacra au service de Dieu et à la garde du tombeau: son plaisir fut d'entretenir et d'orner cette chapelle.

Enfin, elle passa le reste de ses jours dans les exercices de la vertu la plus pure, de la piété la plus ardente et d'une mortification continuelle.

Elle devint l'objet de la vénération la plus profonde et les habitants des environs réclamèrent le secours de ses prières dans les calamités.

On assure que lorsqu'elle vint à Rilly, cinq ou six ans après la mort de saint Savinien, elle était aveugle depuis quarante ans, alors,elle pouvait en avoir soixante.

On pense qu'elle vint dans ce village en 280, qu'elle y resta huit à dix ans et qu'elle mourut en 293 environ, âgée de soixante­ huit ans.

Depuis ce temps, le village qui portait le nom de Saint Savinien prit celui de Sainte Syre qu'il porte aujourd'hui. 



Rilly Sainte Syre et la Sainte

La chronique du village est muette sur le premier millénaire, sinon pour dire, selon Roserait, qu'on a trouvé les vestiges d'un cimetière d'époque romaine.

En 1200,Boson,seigneur du village donna Rilly à la cathédrale.

Peu après 1300, le doyen du chapitre cathédral, Henri de Noé donna des revenus pour qu'on célèbre un office solennel en l'honneur de la sainte.

Et, en 1326, Jean d'Aubignac faisait cadeau de l'un de ses bras aux Chartreux.

Décidément, le chapitre cathédral s'intéressait à la sainte, probablement à cause de son lien avec Saint Savinien, considéré comme l'apôtre du diocèse.

Se souvenant de la donation de Boson, quelques trois siècles auparavant, il se proposa d'unir cette paroisse à sa mense, rapporte Courtalon.

Le curé y forma opposition mais le chapitre ne se lassa pas de poursuivre son projet dont il demanda l'exécution en cour de Rome,du consentement de Louis Raguer, évêque de Troyes.

Il obtint du pape l'effet de sa supplique le 23 février 1480. Il ordonna qu'on enverrait à Rome cent ducats d'or pour payer l'annate entière pour l'union de cette cure au chapitre, nonobstant l'opposition du curé.

Cependant, vu cette opposition,l'union n'eut lieu qu'après la mort du titulaire actuel.

En 1487 et 1489, c'est Jean d'Amboise, évêque de Langres qui vint en pèlerinage à Rilly.

Eléonore de Courcelles, veuve de Jean de Coligny, seigneur de Châtillon-sur-Loing, se rendit aussi en ce village quand elle mourut subitement,le 29 juin 1510 au château de Saint-Lyé.

La chapelle de Sainte Syre fut reconstruite vers 1518.

 Monseigneur Guillaume Paray vint en pèlerinage le 29 août 1520,offrant une tunique et une dalmatique de soie blanche.

Le chœur et l'autel majeur du nouvel édifice furent consacrés en 1537 par Monseigneur Hennequin.

L'année 1539 vit un miracle retentissant: Gaspard de Coligny y fut guéri de la maladie de la pierre pour laquelle on invoquait habituellement Sainte Syre ainsi que pour les coliques néphrétiques.

Dans le temps des guerres de François 1er et de Charles Quint, pour citer Courtalon, le chapitre de l'église de Troyes, craignant que la châsse de Sainte Syre ne fut exposée à être enlevée ou profanée par les soldats ennemis qui couraient le pays, résolut de la faire transporter à la cathédrale afin de la mettre en sûreté.

Il nomma à cet effet le premier juillet 1544 Maurice de Gyé grand archidiacre, Nicolas du Manchot, dit le grand chantre, Hugues Marinier, Jeon Festuat et Antoine Chaignot, chanoines pour aller chercher la châsse, s'ils pouvaient la transporter sans bruit et sans scandale.

Ces envoyés se rendirent au village de Sainte-Syre.

Mais les habitants, tant hommes que femmes ayant appris leur dessein, vinrent s'y opposer en armes et menacèrent les chanoines de faire main basse sur eux s'ils touchaient à cette châsse pour la déplacer, disant qu'ils s'en chargeraient à leurs périls, risques et fortunes et que de concert avec le vicaire,ils la cacheraient en un lieu du finage si secret que l'armée ennemie ne pourrait la trouver.

Les chanoines, craignant d'être maltraités, furent obligés de se retirer sans avoir exécuté leur commission.

Cette précieuse châsse fut d'ailleurs remplacée par une autre.

En 1567, c'est le péril d'une profanation par les Huguenots qui la fit cacher en lieu sûr.

Selon Roserot: «Le 11mai 1576, trois chanoines qui avaient été envoyés à Sainte-Syre, en prévision d'un prochain passage des reîtres, pour transporter la châsse à Troyes, rapportèrent que les habitants, à leur arrivée, auraient sonné le tocsin, leur avaient jeté de la pouss1ëre au visage et leur avaient fait toutes sortes d'injures. Ces chanoines avaient même craint d'être tués. »

Toutes ces alertes dramatique comiques n'empêchaient pas habituellement la fête de se dérouler chaque année du 8 juin, jour de la solennité,au 29.

«Il y avait si grande affluence de peuple, écrit Des Guerrois, principalement les jours de fête et dimanches, qu'on s'y peut presque tourner.

Forces malades s'y acheminent et ceux-là, principalement qui sont affligés de la gravelle et de la pierre, qui journellement, par la grâce de Dieu et les mérites de Sainte Syre sont délivrés ou allégés. »

Tout devait prendre fin le 27 mars, lorsque quelques énergumènes entreprirent de jeter au feu châsse et reliques.

Les habitants intervinrent rapidement et purent sauver du désastre uns grande partie des restes de la sainte. On les partagea bientôt entre diverses paroisses du diocèse de Troyes: Les Chênes, Jully-sur-Sarce, Saint-Martin-ès Vignes et la cathédrale.

La paroisse de Rilly conserve un morceau du chef et divers ossements authentifiés en 1816 et 1835.

Une partie du crâne aurait été détachée au 16ème siècle et envoyée à Sainte-Merry de Paris.

L'église de Montceaux-lès-Vaudes est sous le vocable de Sainte Syre.

De nombreuses statues lui sont attribuées.

A Saint-Julien, Saint-Germain, Javenant, Prémierfait, Rigny-le­ Ferron, Saint-Jean-Bonneval, Saint-Phal, Verrières, Méry, Rilly-Sainte-Syre...

Cette dernière église ainsi que celle de Marolles-sous-Lignières auraient un tableau représentant la sainte.

On la voit dans les vitraux de Saint-Nizier, de Montceaux-lès­ Vaudes, de Rilly-Sainte-Syre et de Torvilliers, ainsi qu'à Ceffonds, en Haute-Marne.

Désormais, la fête de Sainte Syre est inscrite au calendrier le 7 mai.


RILLY-SAINTE-SYRE

Champagne-Ardenne-Aube

Bâton de procession de confrérie: Sainte Syre

Bâton de confrérie Menuiserie-sculpture
Bois taillé et peint : polychrome doré
Dimensions : h=42 ; la=26 ; pr=26
Hauteur totale : 200 cm
Etat moyen, polychromie et dorure altérées, fissures, quelques manques et quelques trous de vers



Epoque: XVIIIème siècle
Propriété de la commune
Notes: Sainte Syre de l'Aube est vêtue comme une paysanne avec un fichu blanc,elle tient le livre dans la main ; l'index gauche tendu.

RILLY-SAINTE-SIRE

Champagne-Ardennes-Aube

Autres représentations de Saint Syre

Un autre bâton de confrérie



Panneau: peint



MAROLLES-SOUS-LINIERES

Champagne-Ardenne

Eglise paroissiale Saint-Germain

Statue : Sainte Syre

Sculpture Calcaire peint Polychrome
Dimensions : h=80 ;la=27
Epoque: Deuxième moitié du 16 ème siècle(?)
Propriété de la commune 


Etat: Large fissure horizontale au niveau du cou de la statue. La peinture s'écaille
Inscription : sur le socle : Ste Sire
La tête est rapportée (joint visible)
Notes : On retrouve bien les attributs habituels de la sainte de l'Aube : bâton,chapeau à large bord, livre main gauche.

PONT-SUR-YONNE

Bourgogne-Yonne

Statue Sainte Syre




Sculpture découverte lors de la réfection des Etablissements Darrouzain à Pont-sur-Yonne en 1969. Ils'agit d'une œuvre du XVIème siècle représentant probablement Sainte Syre et pouvant provenir de la chapelle du château de Pont­ sur-Yonne.

Notes : REF : Bulletin municipal No 4- octobre 1969- Pont-sur-Yonne.

PUELLEMONTIER

Champagne-Ardenne-Haute-Marne

Statue Sainte Syre 




Sculpture Bois polychrome
Dimensions: h=46; la=39 18ème siècle
Propriété communale
Notes: On retrouve bien tous les attributs caractérisant sainte Syre de l'Aube.

VERRIERES

Champagne-Ardenne

Statue :Sainte Syre


Sculpture
Calcaire peint polychrome
dimensions: H=llO; la=37; pr=23
époque: 4e quart du 16 ème siècle
propriété de la commune
Notes : polychromie ancienne sous le badigeon. Manque la palme
Seule, la présence du livre peut laisser supposer qu'il s'agit bien de Sainte Syre.

POLISOT

Champagne-Ardenne-Aube

Statue Sainte Syre


Sculpture
Calcaire taillé ( ?)
Eglise paroissiale Saint­ Denis
Dimension : h=73 Premier quart du 16ème siècle
Propriété de la commune
La main droite a été rabotée volontairement pour laisser le passage aux corbillards. L'œuvre est assombrie par des mousses ( ?) Rouille
Notes : On retrouve bien tous les attributs caractérisant Sainte Syre.

SAINT PHAL

Champagne-Ardenne-Aube

Statue:Sainte Syre


Sculpture
Propriété de la commune
Calcaire
Dimension: 200
époque: 16ème siècle
Notes:  Une des plus fidèle représentation de Sainte Syre: on retrouve tous les attributs de la sainte. A noter l'élégance de cette statue.

SAINT- GERMAIN

Champagne-Ardenne-Aube

Statue: Sainte Syre


Sculpture calcaire Badigeon blanc
Revers plat
Dimensions: h=lOO; la=33
Propriété de la commune
époque: 16ème siècle
Notes: Il manque une partie du bâton. Selon Baudouin, dans le livre "la sculpture flamboyante", cette statue serait Sainte Savine car Sainte Syre n'a pas été martyrisée et ne devrait pas porter de palme.
Apparemment, il pourrait bien s'agir de Sainte Syre car on retrouve les attributs caractérisant la sainte de l'Aube.

PONTAUBERT

Bourgogne

Sainte Syre ou Sainte Elisabeth ?


sculpture pierre autrefois peinte
église
dimension: h=80
époque: 15ème siècle trouvée dans les combles.
Notes : On ne retrouve pas les attributs caractéristiques de Sainte Syre.

CEFFONDS, ANGLUS

Champagne-Ardenne,Haute-Marne

STATUE : Sainte Syre ?


sculpture
calcaire peint polychrome
dimensions : h=101;la=37; pr=24
époque: >16ème siècle
propriété de la commune préparation ocre rouge visible sous l'écaillage.
Etat: Ecaillage important. Manque de l'extrêmité supérieure de l'attribut (dans main senestre).
Notes : S'agit-il de Sainte Syre?

SAINT-JULIEN-LES-VILLAS

Champagne-Ardenne

STATUE : Sainte SYRE


sculpture pierre calcaire
Eglise paroissiale Saint- Julien-de Brioude
dimension : h=128 16ème siècle

Propriété de la commune
Notes: Présence du bâton. La position du bras droit peut laisser supposer que la sainte tenait le livre.  Il manque la tête, la main droite et la statue est partiellement recouverte de lichen.

RIGNY-LE-FERRON

Champagne-Ardenne-Aube

STATUE: Sainte Syre


Sculpture Calcaire badigeon (gris)
Dimension: h=120
Eglise paroissiale
Epoque:2ème moitié du 16 ème siècle
Propriété de la commune
Notes: Une partie du bâton a été remplacée par du bois. Cette statue possède tous les attributs caractérisent Sainte Syre de l'Aube.

SAINT-JEAN-DE-BONNEVAL

Champagne-Ardenne

STATUE : Sainte Syre


sculpture calcaire polychrome, doré.
Eglise paroissiale Saint-Jeon­ Baptiste
dimension: h=107
Epoque: 4ème quart du 16ème siècle-17 ème siècle?
propriété de la commune
Notes: Le seul attribut caractéristique de Sainte Syre est la présence du livre.  Polychomie récente

VENIZY

Bourgogne- Yonne

STATUE: Sainte Syre


Sculpture pierre
Dimension: h= 87
Epoque: 4ème quart du 15ème siècle
Propriété d'une association diocésaine
Notes: On retrouve les principaux attributs de Sainte Syre de l'Aube. Nom de la sainte figurant sur le socle de la statue.

JAVERNANT

Champagne-Ardenne

Sainte Syre


sculpture calcaire peint polychrome. La polychromie ne semble pas d'origine. La peinture s'écaille et tombe par endroits.
dimension : h=117
Epoque: 16ème siècle
propriété de la commune.
Notes : On retrouve les attributs habituels de la sainte : panière, bâton, livre. Pas de chapeau.

SAVIGNY

Champagne- Ardenne-Haute-Marne

Statue : Sainte Syre


Sculpture Bois peint Revers sculpté, bois vermoulu Multiples repeints et dorures
Dimension : h=120 dimension estimée)
Epoque: limite 18 ème- 19ème siècle
Propriété de la commune
Notes : aucun attribut caractéristique permettant d'affirmer qu' il s'agit de Sainte Syre.

MONTCEAUX-LES-VAUDES

Champagne-Ardenne-Aube

Statue: Sainte Syre


Sculpture Bois ( intérieur creux) Badigeon peint polychrome doré
Eglise paroissiale
Dimension: h=133
Propriété de la commune
Epoque: 18ème siècle
Notes:
état de l'œuvre: fendue Rien ne laisse supposer qu'il s'agit de Sainte Syre de l'Aube.

UNIENVILLE

Champagne-Ardenne-Aube

Statue


Sculpture: Bois polychrome
Epoque: fin XVème siècle
Eglise du village
Notes :Attributs caractérisant la Sainte : chapeau, bâton, livre

Parler de sainte Sire nous impose d'évoquer Saint Savinien

 REF: La vie des Saints et Saintes de l'Aube: Saint Savinien François Morlot ( Edition Fates)

Le culte de saint Savinien semble avoir commencé à Rilly-Sainte­-Syre. En effet, dans la légende de sainte Savine, il est dit qu'à son arrivée à Troyes, elle déclara venir retrouver son frère Savinien dont elle est sans nouvelles.

Elle rencontre le chrétien Licérius qui lui apprend la mort du martyr et ajoute : «Là, une femme a élevé sur lui un oratoire, et il y fut placé. Lorsque tu seras entrée dans cet oratoire, du côté de l'Orient, il y a une pierre où a été placé celui qui a édifié l'oratoire. A main droite, il y a deux grandes pierres ; sous cette pierre plus éclatante qui est le long du mur, c'est là qu'a été placé celui que tu dis être ton frère. »

Saint Savinien est considéré comme l'un des patrons de la ville et du diocèse de Troyes.

Une haute verrière du chœur de la cathédrale Saint Pierre de Troyes raconte sa légende.

Savinien, le fils de Savine, de Samos, en Grèce a découvert que les dieux de son père ne sont que vanité et il est devenu chrétien de cœur.

Vêtu d'une robe de bure, couvert d'un manteau blanc, il part, le bâton à la main et sa route le conduit jusqu'à Troyes.

Baptisé, il entreprend, aussitôt, de prêcher la bonne parole.  Les Troyens (la légende en a compté 1090) l'écoutent dévotement, mais il n'y a rien de tel qu'un miracle pour affermir la prédication; il commande à son bâton de se couvrir de branches et de feuilles.

Aurélien apprend ce qu'il fait, le convoque devant lui et ordonne des supplices dont il réchappe sous la protection de Dieu.

Savinien s'est échappé. Il a suivi la Seine. Poursuivi par les soldats, il traverse miraculeusement le fleuve et se retrouve à Rilly qu'il a choisi pour le lieu de son supplice. Le bourreau le rejoint. Savinien, décapité porte sa tête pendant quarante-neuf pas jusqu'au lieu qu'il prévoit pour sa sépulture.

Saint Savinien est patron des paroisses de Rilly-Saine-Syre et de Balnot-sur-Laigne.

Les reliques de saint Savinien furent transportées de Rilly­ Sainte-Syre à la cathédrale dans des conditions et à une époque qui reste mystérieuse.

Quoi qu'il en soit, Des Guerrois témoigne que "ces reliques sont encloses dans une châsse couverte en partie d'argent et en partie de cuivre doré, artistement burinée et élevée en bosses de diverses figures, et sont icelles portées solennellement ès processions publiques pour impétrer quelque bénéfice on assistance de la divine miséricorde."

Lalore signale que la relique du crâne de saint Savinien a été authentifiée par Monseigneur de Boulogne en 1811 à la cathédrale. D'autres reliques sont signalées à Rilly-Sainte-Syre, à Saint-Parre-au-Tertre et à la Maison-des-Champs.

Sa fête était des plus solennelles (double avec octave ou annuel majeur, comme on disait alors) et l'on chantait à l'introït, le Gaudeamus des grandes solennités.

Parmi les processions, la plus importante était celle du dimanche des Rameaux. Ce jour-là, toutes les paroisses de la ville se réunissaient à la cathédrale autour de l'évêque. Quand étaient arrivées les châsses, tirées des églises de Saint-Etienne et de Saint-Loup:

"la châsse de saint Savinien s'avançait avec sa garde d'honneur formée de quatre curés cardinaux résidant à Troyes, en aubes et en étoles noires et tenant à la main des bâtons ou baguettes blanches. De là, on procédait vers l'abbaye de Notre-Dame aux Nonnains (l'actuelle préfecture) et on revenait à la cathédrale (près du pont du canal), par la rue de la Cité".

SAINT-PARRES-AUX-TERTRES

Champagne- Ardenne-Aube

Statuette: Saint Savinien


Sculpture
Eglise paroissiale
Propriété de la commune
Dimensions: h=48;la=16;pr=13
Bois: chêne
Epoque: 16ème,17ème siècle?
Notes: Le saint tient sa tête entre ses mains, laquelle contient ses reliques authentifiées par un sceau. « Saint Savinien, décapité porte sa tête pendant 49 pas jusqu'au lieu qu'il prévoit pour sa sépulture ».
REF: La vie des saints et des saintes de l'Aube­ F.Morlot

BAUNOT-SUR-LAIGNES

Champagne-Ardenne-Aube

Statue: Saint Savinien


Sculpture Calcaire- polychrome
Eglise paroissiale
Propriété de la commune
Dimensions: h=128; la=44
Etat: écaillage
Epoque: Limite l6ème et 17ème siècle
Notes: Les deux avant­ bras sont rapportés.

LES RICEYS- (RICEYS-BAS)

Champagne-Ardenne-Aube

Statue: Saint Savinien


Sculpture
Eglise paroissiale
Propriété de la commune
Fausse pierre collée sur le torse
Bois: badigeon ( gris)-verre
Dimensions: h=165; la=47; pr=45
Epoque: Limite l6ème et 17ème siècle
Notes: Il manque deux doigts à la main droite. Trous de vers

VILLIERS-LE-SEC

Champagne-Ardenne-Haute-Marne

Statuette: Saint Savinien


Sculpture Bois peint polychrome
Propriété de la commune
Dimensions: h=75 ( y compris le manche de la crosse)
Epoque: 1ère moitié du 18ème siècle
Notes: La statue est coupée net à mi-jambes.