La Bacule
un bref passage




Sources de la Bacule


Si, aujourd'hui, le ravin de Vaumort est asséché, il n'en a pas toujours de même.

Le 4 mars 1793, les Theillois ne furent pas réveillés par le roulement des tambours de la Révolution mais par celui de l'eau courant au fond du ravin. Ce n'était pas un orage mais la Bacule.

En 1904, Monsieur Le Couppey de la Forest écrivit un article "sur la disparition des ruisseaux superficiels et des sources et sur la rapidité de leur enfouissement dans le département de l'Yonne" dans le tome 58  du bulletin de la Société des Sciences de l'Yonne (pages 131 à 151).

Il s'agissait de connaître l'influence du captage des sources de la Vanne par la Ville de Paris, sur la circulation des eaux dans la région.


Sur le plateau calcaire qui domine la vallée de la Bacule, au sud de Cerisiers,  un effondrement s'était produit. Un fontis de 35 mètres de diamètre et 8 mètres de profondeur colmata les diaclases de la craie dans lesquelles circulait une rivière souterraine: la Bacule.

Celle-ci, ne trouvant plus son lit, sous l'effet de la pression, remonta à la surface et jaillit subitement dans la vallée en deux sources aux points dits de la Bacule et de la Pierre-Blanche, presque au droit de l'effondrement.

Elles existaient toutes deux vers le commencement du XIXème siècle et elles formaient un ruisseau superficiel dans la vallée de Cerisiers.


Fontis dans la craie



Cadastre Napoléonien 1837


Moulin de L'Eclèche (cadastre Napoléonien de 1837)

Trois moulins étaient bâtis sur ce ruisseau.

Le premier, dit de la Bacule, fut acquis par la commune de Cerisiers vers 1825 et démoli parce qu'on craignait que sa digue ne fit obstacle au dégagement de la source.

Le deuxième, le moulin de l'Eclèche était situé à 200 mètres en aval du moulin de la Bacule.

 

Le troisième, le moulin du Patouillat était situé à 1 800 mètres en aval du moulin de la Bacule. Ces deux derniers moulins ne tournent plus depuis 1850, faute d'eau.

En effet, peu à peu, sous la pression d'eau, les diaclases obstruées par l'effondrement dans la craie se nettoyèrent, et l'eau s'y infiltra de nouveau.

Le débit et la pression des sources diminuèrent et celles-ci se tarirent com­plètement.

La ville de Cerisiers, située à 3 kilomètres environ en aval de  la source de la Bacule, s'alimentait depuis 1866 à cette source qu'elle se contentait d'amener par une simple canalisation.




Moulin du Patouillat (cadastre napoléonien 1837)



Puits de captage

Le débit de la source ayant considérablemént diminué elle dût se livrer, vers 1871, à des travaux de drainage pour rechercher l'eau de la source.

Ils consistent en un puits profond de 12 mètres, creusé dans la craie, à la base duquel partent diffé­rentes galeries destinées à rechercher les diaclases de la craie, livrant passage à des filets d'eau. 

D'autre part, une conduite partant également de la base du puits passe en tunnel sous le flanc du coteau et vient recouper la vallée en aval. Elle amène l'eau de la Bacule à Cerisiers dans un réservoir.

Ce captage constitue un ouvrage très intéressant. C'est un captage modèle allant rechercher l'eau dans son gite géologique.


Mais, depuis l'époque où les travaux de captage de la  source de la Bacule ont été exécutés Le niveau d'eau dans la région a encore baissé et la galerie de captation a vu son débit diminuer d'année en année.

Ce débit qui était de 300 m3 par jour en 1866 n'était plus que de 45 mètres cubes en 1904.

A différentes reprises, des travaux d'approfondissement des galeries drainantes ont été exécutés dans le but d'essayer de trouver de nouvelles diaclases de la craie contenant de l'eau.

La vallée de la Bacule, entre la Bacule et Cerisiers était complé­tement assèchée en 1904.



Galerie de drainage du captage



Le lavoir de Vaumort aujourd'hui

Le lavoir de Vaumort était alimenté par la Bacule au XIXème siècle.

Lorsque l'assèchement de la Bacule ne permit plus son utilisation, une éolienne fut construite pour pomper l'eau dans des diaclases de la craie et alimenter le lavoir.

Le lavoir n'étant plus utilisé, l'éolienne fut vendue à un ferrailleur pour une somme dérisoire. Seul le mécanisme de la pompe reste comme un vestige.