
Forêts de Theil
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Si le village de Theil sur
Vanne est tourné vers la vallée de la Vanne,
il est par contre adossé à la forêt d’Othe qui culmine 100 mètres plus
haut.
Près de 40% de la surface
de la commune est, ainsi, couverte,
aujourd’hui, par la forêt et notamment celle de Champ-fêtu.
Cette forêt
a subi de grandes transformations dans les trois derniers siècles,
depuis que l’homme y a entrepris son reboisement.
Les dégâts avaient,
en effet été considérables.
L’exploitation et la transformation du minerai de fers se sont
développées en forêt d’Othe dès l’époque de la Tène c’est-à-dire avant
l’arrivée de Jules César, et ce, jusqu’à la fin du Moyen-âge.
L’utilisation de bas-fournaux nécessitait une grande consommation de
bois qui a entamé la déforestation.
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Au XVIIIème et au XIXème
siècle nous
avons les traces d’une exploitation agricole dans le renouvellement des
baux de la métairie de Chamfêtu par l’abbaye de Dilo en 1750 et la
levée des inscriptions hypothéquaires pesant sur la ferme de Champ fêtu
en 1810 (archives de la famille Thomas de Pange). Cette agriculture
s’est développée dans les clairières gagnées sur la forêt.
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A Champ-fêtu, une
tuilerie, attirée
par l’argile du plateau, de bonne qualité, fut construite en 1761, à
l’emplacement de l’actuelle propriété.
Les quelques mares et un
puits (le puits des cosaques) qui suffisaient,
jusqu’alors, pour alimenter en eau les hommes et les animaux, ne purent
satisfaire les besoins de la tuilerie.
Des mares et trous d’eau sont venus remplir les excavations exécutées
lors de l’extraction de la terre argileuse nécessaire à la fabrication
des tuiles.
Les coupes de bois dues à
ces industries ainsi que celles nécessaires à
la mise en culture avant le XVIIIème siècle ont ainsi décimé la forêt.
Champ-fêtu signifie un
champ situé au
faîte du plateau.
De champ il n’y en a plus
aujourd’hui car le
reboisement a commencé au début du XVIIIème siècle.
C’est en 1842 qu’Auguste
Fliche, conservateur dans l’administration
forestière, acquit le domaine de Champ-fêtu, constitué par un terrain
forestier de 300 hectares, dans un vaste massif de près de 600
hectares
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Cadastre Napoléonien (1835)
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Le plateau calcaire
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Depuis Henri IV la
famille Fliche avait occupé différentes
charges importantes dans la hiérarchie forestière royale. Ce sont donc
des spécialistes de la forêt.
Son fils Paul, suivit la
passion familiale et fut professeur à l’école
forestière de Nancy. Dans un ouvrage « un
reboisement, étude botanique
et forestière » daté de 1888, il décrit avec une grande précision la
façon dont le reboisement de Champ-fêtu a été, peu à peu, réalisé. La
lutte des espèces entre elles tient une grande place dans cet ouvrage.
Le massif est constitué de
craie, recouverte elle-même sur le plateau
par une épaisseur de 10 mètres d’une terre argileuse et sableuse mais
pauvre en chaux, tandis que les pentes sont constituées d’éboulis de
craie trop riches en carbonate de chaux.
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Au commencement du XIXème
siècle la forêt, décimée par les cultures et
l’industrie, ne représentait plus que le quart de la surface de
Champ-fêtu soit 70 hectares environ.
Dans ces 70 hectares, seul
le Buison-Cartault, de 4 hectares environ,
aurait fait partie de la forêt qui couvrait primitivement le pays
d’Othe.
Les autres surfaces
boisées, en partie au moins, ont poussé,
naturellement, sur des cultures abandonnées, et cela avant 1743.
L’arrivée des premiers
arbres colonisateurs
Le reboisement, de la main de l’homme, a commencé entre 1743 et 1780
par la plantation de 13 parcelles réparties assez régulièrement sur
Champ-fêtu. La forêt fut définitivement reconstituée par de nouvelles
plantations dans les 30 premières années du XIXème siècle.
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La forêt de Champ-fêtu
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Pin noir d'Autriche
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Par souci de
diversification des espèces, le reboisement a été exécuté
sur tous les sols, quelque-soit leur nature et leur composition
chimique, par des plantations de bouleaux et de saules marceaux, alors
que les espèces existantes étaient représentées, jusqu’alors, par des
hêtres, des charmes et des chênes.
Ce fut un échec sur les
terrains calcaires trop secs où demeurèrent des
vides pouvant atteindre 5 ha.
Après de multiples
tâtonnements on
découvrit
que les arbres les mieux adaptés à ces zones crayeuses, étaient les
conifères et notamment le pin noir d’Autriche.
En revanche sur les
terrains plus humides les bouleaux et saules
marceaux se développèrent et le reboisement put être complété, souvent
à titre d’ornement, par des pins maritimes, des érables sycomores, des
chemins de châtaigners, de hêtres et de robinier faux-acacias.
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Mais les
espèces environnantes se rebellèrent...
Vous
trouverez la
suite de cet article dans le N°13 de notre parution "Au Courant de la
Vanne"
Beaucoup d’arbres et
d’arbustes étrangers à la région ont été introduits à Champ-fêtu.
Aucune espèce ne s’y est maintenue naturellement. Ainsi la forêt se
défend elle-même de toute évolution. C’est peut-être
le patrimoine le mieux protégé de notre région.
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