
Intèrieur de l'église de Theil
|
...L’église Saint-Martin
L’église Saint-Martin de Theil n’a pas changé depuis
1843, date à laquelle Victor Petit la décrivait dans ses « voyages ».
Il estime qu’elle est « la
même » que celle donnée en
1172 à l’abbaye
de Saint-Jean de Sens par Guillaume, archevêque de Sens.
« À l’extrémité de la nef,
éclairée par plusieurs
fenêtres très
étroites, s’ouvre une ogive, large d’environ 4 mètres sur 1 mètre
d’épaisseur ; au-dessus du sanctuaire s’ouvre une nouvelle arcade qui
affecte le fer à cheval très prononcé. Sur cette arcade, vient
s’appuyer la voûte dite en cul-de-four de l’abside.
On a ajouté à l’église, un
petit bâtiment pour agrandir la nef.
Dans cette construction
toute récente, on a enclavé un petit bas-relief du XVIe siècle : saint
Martin donnant une partie de son manteau ».
|

inscription funéraire du
XVIIème siècle
|

Saint Martin partageant son manteau au fronton de
l'église
|
Victor Petit
ne parle pas des statues, mais indique la présence d’une inscription
funéraire du XVIIe siècle devant le maître-autel.
|

|
La fresque centrale
En entrant dans l'église de Theil, datant du XIIème
siècle, on est frappé par les fresques modernes qui ornent le mur nord
et le dessus de l'arcade d'entrée du choeur.
Ces fresques ont été
réalisées par Mademoiselle
Laure Aynard et ses élèves dans les années 1950.
La fresque centrale est une «évocation de la création» du monde par
Dieu.
A gauche, en haut, les astres : soleil, lune ; en bas,
la terre et les
eaux, un arbre avec des oiseaux et la vie animale sur terre et dans les
eaux.
A droite : la trinité humaine, l’homme, avec la femme
et un enfant
(tenant un livre symbole des connaissances transmises d’une génération
à l’autre. Peut-on reconnaître à côté de l’homme le feu au service de
l’humanité ?
Au-dessus : les réalisations de l’homme pour dompter la
nature : les
villes, les machines.
En dessous : la terre labourée et la mer parcourue par
des bateaux.
Au centre : Dieu avec le crucifié et la colombe
représentant le
Saint-Esprit.
On pourrait facilement y voir une image trinitaire
rappelant le combat victorieux de saint Martin de Tours et saint
Hilaire de Poitiers contre l’hérésie arienne (qui niait la nature
divine du Christ avant le premier concile de Nicée). Cette figure
centrale montre aussi le crucifié qui a réconcilié Dieu et la création.
La colombe symbolise l’Esprit Saint qui vivifie sans
cesse le monde.
|
Le chemin de croix
C’est le récit des souffrances de la Passion du Christ
en quatorze
tableaux.
Ce qui surprend, à Theil, c’est le choix des stations,
différentes de ce que l’on voit habituellement. D’habitude, le chemin
de Croix part de la condamnation de Jésus par Pilate jusqu’à la
crucifixion. Ici, cela commence à la Cène et finit à la Résurrection.
L’artiste s’est permis cette latitude pour élargir l’évocation de la
doctrine chrétienne. La Résurection de Pâques est un triomphe qui
achève le sacrifice initié lors de la Cène; "Ceci est mon corps livré
pour vous"
Par ailleurs, si neuf stations sont
attestées par l’Évangile, les cinq autres habituelles (les trois chutes
de Jésus, la rencontre avec sa mère, le geste
de Véronique), ne le sont pas. Pourquoi dès lors, ne pas choisir, avant
et après, des stations reconnues ?
Enfin, l’artiste a trouvé une
justification dans les revues « l’Ami du clergé 1949 », et la « Maison-
Dieu 1950 », qui souhaitaient une plus grande liberté dans le choix des
stations et qu’on insiste sur l’idée de « Passion, glorification et
victoire » suggérée par Saint Jean.
Monsieur Guy de Pasquier, qui a commenté l’œuvre,
remarque une grande
sobriété de lignes, qui peut décevoir certains. Mais pour lui, l’œuvre
s’adresse à la Foi des fidèles et non pas à leurs sentiments. Pour
guider la méditation, il rappelle les scènes évoquées avec référence au
principal texte évangélique le rapportant :
|

I Jésus consacre le pain
(Jean incline sa tête sur la poitrine de Jésus) [Luc, chap. 22, versets
19-20]
II Jésus souffre une nuit d’angoisse au jardin des
oliviers (un ange
vient le réconforter) [Luc chap. 22, versets 39-46s]
III Judas trahit Jésus par un baiser (Jésus avait
annoncé cette
trahison pendant la Cène) [Marc, chap. 14, versets 29-31], tandis que
Pierre avait trois fois juré fidélité [Jean, chap. 21, versets 15-19],
mais ne tiendra pas parole) [Marc, chap. 14, versets 43-50]
IV Pierre renie Jésus [Jean, chap18, versets 15-2]
V Jésus est frappé à coups de fouet [Marc, chap15,
versets 6-15]
|

VI Jésus reçoit sa croix (mais Pilate se lave les
mains) [Jean,
chap.19, versets 16-17]
VII Simon porte la croix de Jésus (les quatre
évangélistes disent que
Simon porte la croix derrière Jésus et à sa place) [Luc, chap. 23,
verset 26]
VIII Jésus rencontre des femmes de Jérusalem [Luc,
chap23, versets
27-31]
IX Jésus est cloué à la croix [Matthieu, chap. 2,
versets 33-37]
X Deux malfaiteurs entourent Jésus [Luc, chap. 23,
versets 39-43]
|

XI Jésus prend soin de sa mère [Jean, chap. 19, versets
5-27]
XII Jésus meurt sur la croix [Luc, chap. 23, versets
44-49]
XIII Jésus est déposé dans un tombeau [Jean, chap.19,
versets 38-41}
XIV Jésus est ressuscité (un ange garde son tombeau)
[Marc, chap. 16,
versets 1-7]
Source : commentaire de Guy
de Pasquier.
|

Saint Philbert ?
|

Saint Maclouf ?
|

Saint Augustin d'Hippone ?
|

Saint Ambroise de Milan ?
|
Saints et statues de la paroisse de Theil
C’est
évidemment saint Martin
de Tours, qui occupe la place de choix au fronton de l’église portant
son nom.
À l’intérieur, quatre statues mal identifiées peuvent
se
rattacher à l’histoire de la paroisse : deux petites statues qui
pourraient prove- nir de l’ancienne chapelle Saint-Philibert-Saint-
Maclouf et deux grandes statues du XVIIIe siècle, inscrites à
l’inventaire national du mobilier.
A défaut de certitudes que seule
pourrait nous apporter une restauration des dites statues, nous
évoquerons quand même la vie des saints que nous supposons être
représentés dans l’église.
A droite du chœur, le moine encapuchonné
portant un bâton, qui n’est sans doute que le reste d’une crosse d’abbé
cassée, serait saint Philibert, et à gauche du chœur, l’abbé en habit
de cérémonie pourrait être saint Maclouf, si l’on accrédite l’idée que
ces statues sont les restes de la chapelle Saint Philibert-Saint
Maclouf détruite à la révolution pour laisser place à un moulin, puis
au captage des sources Saint-Philibert par la ville de Paris.
Quant aux
deux grandes statues recouvertes d’un badigeon marron, leur datation du
XVIIIe siècle peut évoquer deux saints du siècle précédent : saint Jean
Eudes pour celle brandissant le Sacré-Cœur et saint François de Sales
en prédicateur.
|
Vous
trouverez la
suite de cet article dans le N°13 de notre parution "Au Courant de la
Vanne"
En
parcourant l’histoire de la paroisse de Theil, on s’aperçoit,
qu’aujourd’hui, après avoir eu un rôle considérable au point de vue
spirituel, économique et même temporel, la paroisse et son relais
financier, la fabrique, ont perdu de leur importance. D’autant plus
que, depuis plusieurs années, la cure de Theil n’était plus occupée et
a été vendue.
Il reste, comme témoin, l’église Saint-Martin, qui a
traversé neuf siècles, sans presque changer et qui conserve son charme
et son attrait.
|
|