Extraits du bulletin APVV N° 13 de décembre 2013....

L'église Saint Martin de Theil




Intèrieur de l'église de Theil

...L’église Saint-Martin L’église Saint-Martin de Theil n’a pas changé depuis 1843, date à laquelle Victor Petit la décrivait dans ses « voyages ».

Il estime qu’elle est « la même » que celle donnée en 1172 à l’abbaye de Saint-Jean de Sens par Guillaume, archevêque de Sens.

« À l’extrémité de la nef, éclairée par plusieurs fenêtres très étroites, s’ouvre une ogive, large d’environ 4 mètres sur 1 mètre d’épaisseur ; au-dessus du sanctuaire s’ouvre une nouvelle arcade qui affecte le fer à cheval très prononcé. Sur cette arcade, vient s’appuyer la voûte dite en cul-de-four de l’abside.

On a ajouté à l’église, un petit bâtiment pour agrandir la nef.

Dans cette construction toute récente, on a enclavé un petit bas-relief du XVIe siècle : saint Martin donnant une partie de son manteau ».


inscription funéraire du XVIIème siècle


Saint Martin partageant son manteau au fronton de l'église

Victor Petit ne parle pas des statues, mais indique la présence d’une inscription funéraire du XVIIe siècle devant le maître-autel.



La fresque centrale

En entrant dans l'église de Theil, datant du XIIème siècle, on est frappé par les fresques modernes qui ornent le mur nord et le dessus de l'arcade d'entrée du choeur.

Ces fresques ont été réalisées par Mademoiselle Laure Aynard et ses élèves dans les années 1950. La fresque centrale est une «évocation de la création» du monde par Dieu.

A gauche, en haut, les astres : soleil, lune ; en bas, la terre et les eaux, un arbre avec des oiseaux et la vie animale sur terre et dans les eaux.

A droite : la trinité humaine, l’homme, avec la femme et un enfant (tenant un livre symbole des connaissances transmises d’une génération à l’autre. Peut-on reconnaître à côté de l’homme le feu au service de l’humanité ?

Au-dessus : les réalisations de l’homme pour dompter la nature : les villes, les machines.

En dessous : la terre labourée et la mer parcourue par des bateaux.

Au centre : Dieu avec le crucifié et la colombe représentant le Saint-Esprit.

On pourrait facilement y voir une image trinitaire rappelant le combat victorieux de saint Martin de Tours et saint Hilaire de Poitiers contre l’hérésie arienne (qui niait la nature divine du Christ avant le premier concile de Nicée). Cette figure centrale montre aussi le crucifié qui a réconcilié Dieu et la création.

La colombe symbolise l’Esprit Saint qui vivifie sans cesse le monde.




Le chemin de croix

C’est le récit des souffrances de la Passion du Christ en quatorze tableaux.

Ce qui surprend, à Theil, c’est le choix des stations, différentes de ce que l’on voit habituellement. D’habitude, le chemin de Croix part de la condamnation de Jésus par Pilate jusqu’à la crucifixion. Ici, cela commence à la Cène et finit à la Résurrection. L’artiste s’est permis cette latitude pour élargir l’évocation de la doctrine chrétienne. La Résurection de Pâques est un triomphe qui achève le sacrifice initié lors de la Cène; "Ceci est mon corps livré pour vous"

Par ailleurs, si neuf stations sont attestées par l’Évangile, les cinq autres habituelles (les trois chutes de Jésus, la rencontre avec sa mère, le geste de Véronique), ne le sont pas. Pourquoi dès lors, ne pas choisir, avant et après, des stations reconnues ?

Enfin, l’artiste a trouvé une justification dans les revues « l’Ami du clergé 1949 », et la « Maison- Dieu 1950 », qui souhaitaient une plus grande liberté dans le choix des stations et qu’on insiste sur l’idée de « Passion, glorification et victoire » suggérée par Saint Jean.

Monsieur Guy de Pasquier, qui a commenté l’œuvre, remarque une grande sobriété de lignes, qui peut décevoir certains. Mais pour lui, l’œuvre s’adresse à la Foi des fidèles et non pas à leurs sentiments. Pour guider la méditation, il rappelle les scènes évoquées avec référence au principal texte évangélique le rapportant :


I Jésus consacre le pain (Jean incline sa tête sur la poitrine de Jésus) [Luc, chap. 22, versets 19-20]

II Jésus souffre une nuit d’angoisse au jardin des oliviers (un ange vient le réconforter) [Luc chap. 22, versets 39-46s]

III Judas trahit Jésus par un baiser (Jésus avait annoncé cette trahison pendant la Cène) [Marc, chap. 14, versets 29-31], tandis que Pierre avait trois fois juré fidélité [Jean, chap. 21, versets 15-19], mais ne tiendra pas parole) [Marc, chap. 14, versets 43-50]

IV Pierre renie Jésus [Jean, chap18, versets 15-2]

V Jésus est frappé à coups de fouet [Marc, chap15, versets 6-15]


VI Jésus reçoit sa croix (mais Pilate se lave les mains) [Jean, chap.19, versets 16-17]

VII Simon porte la croix de Jésus (les quatre évangélistes disent que Simon porte la croix derrière Jésus et à sa place) [Luc, chap. 23, verset 26]

VIII Jésus rencontre des femmes de Jérusalem [Luc, chap23, versets 27-31]

IX Jésus est cloué à la croix [Matthieu, chap. 2, versets 33-37]

X Deux malfaiteurs entourent Jésus [Luc, chap. 23, versets 39-43]


XI Jésus prend soin de sa mère [Jean, chap. 19, versets 5-27]

XII Jésus meurt sur la croix [Luc, chap. 23, versets 44-49]

XIII Jésus est déposé dans un tombeau [Jean, chap.19, versets 38-41}

XIV Jésus est ressuscité (un ange garde son tombeau) [Marc, chap. 16, versets 1-7]

Source : commentaire de Guy de Pasquier.


Saint Philbert ?


Saint Maclouf ?


Saint Augustin d'Hippone ?


Saint Ambroise de Milan ?


Saints et statues de la paroisse de Theil

 C’est évidemment saint Martin de Tours, qui occupe la place de choix au fronton de l’église portant son nom.

À l’intérieur, quatre statues mal identifiées peuvent se rattacher à l’histoire de la paroisse : deux petites statues qui pourraient prove- nir de l’ancienne chapelle Saint-Philibert-Saint- Maclouf et deux grandes statues du XVIIIe siècle, inscrites à l’inventaire national du mobilier.

A défaut de certitudes que seule pourrait nous apporter une restauration des dites statues, nous évoquerons quand même la vie des saints que nous supposons être représentés dans l’église.

A droite du chœur, le moine encapuchonné portant un bâton, qui n’est sans doute que le reste d’une crosse d’abbé cassée, serait saint Philibert, et à gauche du chœur, l’abbé en habit de cérémonie pourrait être saint Maclouf, si l’on accrédite l’idée que ces statues sont les restes de la chapelle Saint Philibert-Saint Maclouf détruite à la révolution pour laisser place à un moulin, puis au captage des sources Saint-Philibert par la ville de Paris.

Quant aux deux grandes statues recouvertes d’un badigeon marron, leur datation du XVIIIe siècle peut évoquer deux saints du siècle précédent : saint Jean Eudes pour celle brandissant le Sacré-Cœur et saint François de Sales en prédicateur.



Vous trouverez la suite de cet article dans le N°13 de notre parution "Au Courant de la Vanne"


En parcourant l’histoire de la paroisse de Theil, on s’aperçoit, qu’aujourd’hui, après avoir eu un rôle considérable au point de vue spirituel, économique et même temporel, la paroisse et son relais financier, la fabrique, ont perdu de leur importance. D’autant plus que, depuis plusieurs années, la cure de Theil n’était plus occupée et a été vendue.

Il reste, comme témoin, l’église Saint-Martin, qui a traversé neuf siècles, sans presque changer et qui conserve son charme et son attrait.